Clarisse Ginet, Ingénieure en électronique, est CEO de Texplained, depuis 11 ans. Pour le programme ECoVEM dont le Aktantis est partenaire, elle revient sur son parcours, ses responsabilités chez Texplained et évoque la place des femmes dans la tech.
Clarisse, en quoi consiste votre rôle au sein de Texplained ? Que propose l’entreprise ?
Clarisse Ginet : Nous faisons de la rétro–conception de puces électroniques pour faire à la fois de l’évaluation de sécurité de puce sur des attaques de très haut niveau, mais aussi de l’extraction de données sur des puces sécurisées, pour par exemple du Digital forensics ou pour de la vérification de portes dérobées sur des composants en bout de chaîne de fabrication. On travaille avec des clients qui sont soit des fabricants de puces ou des intégrateurs pour ce qui est de l’analyse de sécurité ou alors les polices scientifiques, les gouvernements et aussi les intégrateurs pour de l’extraction de données de puces sécurisées. Mon rôle ? Je suis ingénieure électronique et CEO. Je pilote l’entreprise et j’interviens sur tous les métiers (la stratégie, le financier, le RH, les relations business avec les clients, le juridique, le contractuel, etc.) avec une vue de loin sur la partie technique
Quand et comment est né votre intérêt pour les Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques ?
Clarisse Ginet : J’ai fait ce parcours, car j’avais des facilités dans les matières scientifiques. Je me suis donc renseignée sur les écoles dans différents domaines et il y avait l’ISEN à Lille qui proposait ce cursus. À l’époque, il y avait encore des écoles dans le domaine de l’électronique et de la microélectronique avec un parcours en cycle ingénieur sur la physique du semi-conducteur, puis sur les puces et leur conception.
Quel est l’accomplissement dont vous êtes le plus fière ?
Clarisse Ginet : Ça fait 11 ans que l’entreprise existe. Nous ne sommes pas dans un schéma d’entreprise où nous sommes tranquilles avec des process mis en place qui fonctionnent, nous devons tout le temps créer de nouvelles méthodes. Je suis très contente de ce qu’on a fait ! On a une super équipe avec une très bonne dynamique, des clients qui nous font confiance, qui reviennent et qui ont une reconnaissance de notre expertise. Je suis fière, au bout de 11 ans d’avoir cette entreprise qui est connue du monde entier dans son domaine.
Quels conseils donneriez-vous à la prochaine génération d’ingénieures ?
Clarisse Ginet : Qu’elles aient confiance en elles et qu’elles sachent qu’elles peuvent tout faire ! Nous vivons dans un monde d’hommes et dans le domaine technique, c’est encore pire ! Il y a des choses qui sont en train de changer, mais il faut vraiment élever nos filles comme on élève nos garçons en termes de possibilités et de potentiel. Être une fille ou être un garçon, ça ne change rien, on doit pouvoir faire tout ce qu’on souhaite. Cela donne une grande responsabilité, mais ça donne aussi un grand potentiel et des possibilités infinies. Donc ce que je dirais aux filles, c’est que si elles ont envie de faire ça, elles peuvent le faire. Quelle que soit son envie, il faut la laisser émerger et il ne faut pas craindre d’être soi-même et de se lancer sans se brimer. Il faut être persévérante et être consciente qu’on peut rencontrer des difficultés.
En tant que dirigeante d’entreprise, je vois une candidate ou un candidat de la même façon, pour moi que ce soit un homme ou une femme ne change absolument rien. L’important, c’est la personne, sa personnalité, son état d’esprit et ses compétences techniques, car notre activité est tellement spécifique qu’il n’y a pas de formation dédiée.
Que souhaiteriez-vous voir se produire en matière de diversité, d’équité, d’inclusion et de développement durable dans le secteur de la microélectronique d’ici à 2030 ?
Clarisse Ginet : On assiste à une désertification des formations dans la microélectronique. Il n’y a quasiment plus d’écoles en France qui font de la microélectronique, elles sont davantage orientées vers l’informatique. Il faudrait donc réinvestir dans de la formation en micro/électronique. Puis il faudrait, au-delà de la microélectronique, faire de la sensibilisation aux filles sur l’empowerment dès le plus jeune âge. Il faut leur dire qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent, qu’elles n’ont pas de plafond de verre, pas de contraintes, qu’on ne les empêche plus de faire certaines choses.
Quels sont vos prochains défis professionnels ?
Clarisse Ginet : Je me projette dans la continuité de mon entreprise, j’ai l’intention de persévérer ! Je voudrais avoir un impact important sur la société avec ce qu’on fait, même si c’est le monde de la microélectronique.
Lire l’interview de Sandra Nanfa Tiogo, Ingénieure spécialisée Fabrication Equipement chez Ion Beam Services