Brad Technology est spécialisée dans ce qu’on appelle l’AgTech ou AgriTech, c’est-à-dire l’ensemble des technologies utilisées pour répondre aux besoins de l’agriculture de précision.
Brad Technology propose une solution connectée, composée d’une sonde connectée autonome et d’une application mobile. Implantée dans les parcelles agricoles, les données collectées, puis enrichies sont disponibles dans l’app et utilisées pour faire tourner des modèles prédictifs.
L’objectif est double : permettre aux agriculteurs de détecter les risques environnementaux au plus tôt, mais également d’observer et d’accompagner des pratiques agricoles préservant la vie des sols dans toutes leurs variétés et usages, tout en optimisant l’usage des intrants.
Interview de Olivier Lépine, fondateur et directeur général de Brad Technology |
- Comité Éditorial : Dans quel contexte s’inscrit votre innovation ?
Olivier Lépine (OL) : Le monde agricole est en pleine mutation, pris entre deux objectifs qui peuvent sembler contradictoires : d’abord, des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et d’usage des intrants de manière de plus en plus encadrée par les textes. Ensuite, une population mondiale qui croît rapidement et, dans le bloc occidental, des consommateurs de plus en plus soucieux de leur santé et de leur environnement de vie.
Ajoutez à cela, l’accélération et des épisodes climatiques dévastateurs et du changement de génération vous obtenez un contexte unique qui pousse l’agriculture, et l’agriculteur, à se moderniser à grands pas pour répondre à tous ces défis en même temps.
L’AgriTech, grâce au numérique, aux objets connectés et à l’Intelligence Artificielle, promet de mieux produire, tant en quantité qu’en qualité. Ceci grâce à la nouvelle connaissance que cette combinaison permet de faire émerger et à la meilleure capacité des agriculteurs à anticiper les besoins de leurs parcelles.
Le numérique, c’est aussi la capacité à échanger plus facilement. Les nouvelles générations d’agriculteurs qui ont grandi avec le smartphone et les réseaux sociaux ne s’y trompent pas et s’appuient de plus en plus sur ces outils pour améliorer leurs pratiques et mieux collaborer.
- CE : Comment avez-vous élaboré votre projet ?
OL : Il y avait évidemment à la base un intérêt personnel de ma part pour tout ce qui touche à la production agricole et à la nécessaire remise en question des pratiques héritées de l’après-guerre qui ont certes permis la prospérité mais au prix d’un environnement et des sols dégradés. Il faut des milliers d’années pour créer un centimètre de sol vivant mais 30 minutes d’une pluie torrentielle suffit pour l’emporter si plus rien ne le retient.
Mais c’est un peu par hasard, après une parenthèse parisienne qui m’a notamment permis de réaliser une formation à l’internet des Objets à Polytechnique, que j’ai commencé en 2018 à développer des prototypes d’objets connectés pour me faire la main. J’en ai conçu un en particulier pour surveiller le bon fonctionnement bactériologique du composteur familial. Le compostage requiert en effet certaines conditions de température et d’humidité. J’en ai parlé de manière informelle dans une réunion et l’information est arrivée aux oreilles d’un viticulteur qui a proposé de mettre à disposition ses parcelles à Châteauneuf-du-Pape pour voir si le prototype pouvait fournir des données qui l’aideraient dans sa pratique.
De fil en aiguille, d’échanges en prototypes, nous avons décidé de nous donner le temps d’explorer le sujet et avons choisi de faire cela en nous basant sur l’Effectuation, c’est-à-dire en partant de ce dont nous disposions et de travailler en “perte acceptable”, sans compromettre nos autres engagement. Le marché de l’AgriTech était encore balbutiant et les barrières techniques très nombreuses : design, composants, réseaux, infrastructure technique…
A la base, nous sommes des professionnels du numérique qui se préoccupent d’agronomie, à l’inverse de nombre de nos concurrents et confrères. Nous avons commencé par écouter les acteurs du terrain avec beaucoup d’humilité avant d’élaborer une solution simple et accessible pour démocratiser l’accès aux données à grande échelle.
- CE : Quels sont vos actions et déploiements actuels ?
OL : Nous finalisons la R&D de la première version de notre solution. Adeptes du Lean Startup et du développement itératif, nous collaborons avec des agriculteurs qui la testent gratuitement et nous font des retours qui nous permettent d’améliorer l’outil pour qu’il réponde au mieux à leurs besoins quotidiens.
Nous déployons ainsi régulièrement de nouvelles sondes afin d’augmenter la masse de données pour qu’elles soient aussi représentatives et variées que possible.
Nous visons une première commercialisation à petite échelle début 2022 et une accélération commerciale dans le courant de la même année. Notre équipe grandit rapidement pour mettre en place tous les aspects techniques et commerciaux indispensables. Nous sommes ainsi passés de 3 à 10 collaborateurs en quelques mois, ce qui n’est pas toujours évident, particulièrement dans le contexte sanitaire actuel.
- CE : Quels sont les obstacles auxquels vous avez été ou êtes confrontés dans votre entreprise ? Vos souhaits pour y faire face ?
OL : Nous sommes comme beaucoup confrontés à une pénurie de composants électroniques, ce qui nous oblige parfois à des contorsions techniques pour les intégrer dans des facteurs de forme différents. Heureusement, grâce à l’intégration en interne des compétences de conception, nous sommes capables de faire évoluer nos modèles rapidement.
Concernant les modèles d’apprentissage automatique, nous menons une double stratégie de montée en compétences en interne afin de mener nos propres développements et d’acquisition de licences de modèles développés par des sociétés tierces. Le travail d’identification de ces partenaires est assez long, les vagues de COVID porteuses de désorganisation ne faisant rien pour faciliter ces mises en relation.
- CE : Comment envisagez-vous votre développement futur ?
OL : Nous sommes adeptes des principes de l’Open Source et de l’interopérabilité des données. Convaincus notamment que le partage et l’intelligence collective sont des moyens d’aller plus vite et plus loin. Notre solution vise à favoriser la collaborations entre agriculteurs sur la base du partage aussi bien des données que des bonnes pratiques. Il n’y a pas de raison que l’agriculture ne profite pas, elle aussi, des bienfaits des modèles ouverts !
Par ailleurs, de nombreux acteurs et solutions AgTech émergent et sont souvent complémentaires. Notre souhait est d’intégrer les meilleures afin de proposer une solution complète, composable selon les besoins de chacun.
Nous allons ouvrir notre prospection au-delà des frontières françaises, au moins de manière exploratoire, en commençant logiquement par l’Espagne et l’Italie. L’agriculture est une problématique mondiale et notre objectif est que notre solution s’adapte à des contextes très divers.
Il n’a jamais été question de développer une solution coûteuse et complexe réservée à quelques privilégiés mais de trouver un modèle, notamment financier, qui permette une innovation ouverte et continue et une diffusion la plus large possible. Les terres agricoles encore non exploitées, sont essentiellement dans les pays en voie de développement, précisément là où la population augmente. Nous voulons contribuer à permettre de les exploiter de manière durable tout en préservant leurs qualités.
- CE : Pourquoi avez-vous adhéré au Aktantis ?
OL : J’avais déjà adhéré au Pôle dans le cadre d’un autre projet il y a quelques années et j’avais déjà pu apprécier la qualité de la relation que l’équipe du Pôle avait établi avec nous en étant toujours force de propositions et vecteur d’actions. Je constate avec joie, quelques années après, que c’est encore plus vrai et que parfois nos interlocuteurs devancent même nos demandes.
- CE : SCS vous a-t-il apporté ce que vous recherchiez et qu’en attendez-vous demain ?
OL : Je suis convaincu que nous pourrons encore plus bénéficier des principes du Pôle en nous impliquant dans les groupes de travail, ce que j’espère pouvoir initier en 2022. La collaboration est primordiale dans nos développements car il est presque impossible de maîtriser au quotidien tous les aspects de la (longue) chaîne de valeur de l’internet des objets. Nous espérons que les mises en relation initiées par le Pôle s’intensifieront et que nous pourrons mettre en place des collaborations, voire des coopétitions, profitables à tous.
NDLR – BRAD recrute des pionniers prêts à tester sa solution en grandeur nature. Pour en savoir plus et candidater, c’est ICI
Contact
Olivier Lépine
Adresse Postale : 20 Avenue des Érables, 84000 Avignon
Tél. : 04 84 51 20 92
Email : olivier@brad.ag
Site Web : https://www.brad.ag
Twitter : brad_technology
LinkedIn : brad-technology
Facebook : Brad-Technology